Chaque année, Ipsos publie son étude « Predictions » sur les perspectives économiques mondiales, et chaque année, les Français se positionnent en bas de classement pour l’optimisme. Cette édition 2023-2024 ne fait pas exception : une fois de plus, les Français occupent la première place pour le pessimisme.

Qu’est-ce qui explique cette tendance persistante ? À quel moment avons-nous abandonné tout espoir ? Après les déceptions sportives répétées lors des compétitions mondiales de football et de rugby, la France s’impose comme championne du monde incontestée du pessimisme économique. C’est au moins une « Coupe » que nous ramenons à la maison. Un titre peut-être devenu banal, car la France domine depuis longtemps cette compétition avec une avance indéniable.

Le pessimisme, loin d’être un cliché, semble être un domaine où les Français excellent. Depuis le lancement de l’enquête « Predictions » d’Ipsos en 2012, qui évalue les attentes des populations des 33 pays les plus développés pour l’année à venir, les Français se distinguent par leur pessimisme constant, note Ben Page, directeur général d’Ipsos. Cette année encore, malgré une concurrence féroce, les Français ont maintenu leur suprématie : seulement 46 % du pays estiment que 2024 sera meilleure que 2023, contre une moyenne mondiale de 70 %.

Si la France se classe en tête pour le pessimisme, elle n’est pourtant pas dans la situation la plus critique. En matière d’optimisme économique, seuls 33 % des Français croient à un rebond économique, contre 50 % en moyenne mondiale. La France se positionne régulièrement avant-dernière, devançant de justesse le Japon, connu lui aussi pour sa réserve. Les Français se montrent trois fois plus inquiets que les Japonais quant à l’impact potentiel de l’intelligence artificielle sur l’emploi. Le pessimisme concernant une amélioration de la rémunération des femmes est également marqué, plaçant la France en dernière position, sans véritable compétition.

Pourtant, le paradoxe est évident : la situation française n’est pas aussi sombre qu’elle en a l’air. La Banque de France prévoit une inflation annuelle de 5,8 % en 2023, contre 6,59 % pour la moyenne de l’OCDE. La croissance annuelle est positive et alignée avec la moyenne de l’Union européenne, contrairement à des pays comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni, en proie à une croissance stagnante voire négative. Pourtant, ces nations se montrent bien plus optimistes que la France pour l’avenir, avec 57 % des Allemands et 64 % des Britanniques affichant leur confiance.

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