Les relations entre la France et la Turquie continuent de se détériorer alors qu’Ankara a décidé d’interdire toute nouvelle inscription d’élèves turcs dans les écoles françaises du pays. Cette décision, qui prend effet immédiatement, concerne particulièrement les classes maternelles et les premières années du primaire dans les établissements Charles De Gaulle à Ankara et Pierre Loti à Istanbul. Cette mesure intervient après des mois de tensions diplomatiques, alimentées par un désaccord persistant sur la question de la réciprocité en matière d’établissements scolaires.
Le contexte du conflit : Une exigence de réciprocité
Au cœur de ce différend, la Turquie exige l’ouverture d’écoles turques en France, bénéficiant de la reconnaissance officielle de l’État français, en échange de la poursuite des activités des écoles françaises en Turquie. Après des discussions longues et difficiles, le ministère turc de l’Éducation a annoncé qu’aucune nouvelle inscription ne serait acceptée tant qu’un accord international formel n’aurait pas été conclu pour définir un statut juridique clair pour ces établissements.
Impact sur les écoles Françaises et les élèves Turcs
Selon le communiqué officiel, cette mesure s’applique de manière rétroactive à compter du 1er janvier 2024, couvrant ainsi l’année scolaire 2024-2025 et au-delà. Aucun nouvel élève ne sera accepté, y compris dans les classes intermédiaires, dans les écoles Charles De Gaulle et Pierre Loti. Cette décision risque de réduire considérablement le nombre d’élèves turcs dans ces établissements, menaçant leur viabilité à long terme.
Réactions de la France et Suite des Négociations
En réponse, l’ambassade de France à Ankara a publié un communiqué expliquant que les autorités turques avaient formulé plusieurs demandes spécifiques et a assuré que les négociations reprendraient à la rentrée scolaire pour tenter de parvenir à un accord durable. Depuis janvier, des discussions étaient déjà en cours entre les deux pays, mais le conflit a éclaté au grand jour en juillet lorsque le ministre turc de l’Éducation, Yusuf Tekin, a accusé la France d’adopter une attitude arrogante en ne traitant pas la Turquie comme un interlocuteur égal.
Enseignement du Turc au cœur des revendications
Une des principales exigences de la Turquie concerne l’enseignement de la langue et de la civilisation turques pour les élèves d’origine turque en France. Ankara reproche à Paris de bloquer cette demande, mais il semble que le ministre turc soit sur le point d’obtenir satisfaction. Un accord global de coopération éducative, incluant cet enseignement, serait en cours de négociation, et la Turquie pousse pour qu’il soit finalisé rapidement.
Conséquences pour les écoles françaises en Turquie
En attendant la conclusion de cet accord, les écoles françaises en Turquie se retrouvent sous une surveillance accrue des autorités turques. Ces dernières exigent une liste des élèves turcs inscrits ainsi que des informations sur les écoles accréditées par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). De plus, l’enseignement des matières liées à la culture, la langue, et l’histoire turques devra être assuré exclusivement par des enseignants turcs nommés par le ministère de l’Éducation turc.
Une période de transformation pour l’éducation en Turquie
Cette décision s’inscrit dans un contexte plus large de réformes éducatives en Turquie. Le président Recep Tayyip Erdogan a récemment dévoilé un nouveau programme scolaire mettant l’accent sur les valeurs familiales et l’ordre moral, une orientation critiquée par les syndicats d’enseignants qui dénoncent une islamisation progressive de l’éducation au détriment des langues étrangères et des sciences.
Enfin, cette initiative s’accompagne d’un durcissement général des autorités turques, qui ont également bloqué l’accès à certaines plateformes en ligne populaires, telles qu’Instagram et Roblox, depuis début août.