Depuis la réintroduction du jour de carence en 2018, l’Éducation nationale a enregistré une baisse significative des absences pour maladie. Cette mesure, qui prive les agents de la fonction publique de l’indemnisation pour le premier jour d’arrêt maladie, a eu un effet direct sur les arrêts de courte durée, en particulier ceux de un à trois jours. Cependant, des inégalités persistantes subsistent, notamment entre genres et selon les zones d’éducation.
Une diminution générale des absences
La fréquence des absences pour maladie ordinaire dans l’Éducation nationale a chuté de 23% en moyenne. Le nombre d’arrêts d’une journée a diminué de 44%, tandis que ceux de deux et trois jours ont respectivement baissé de 26% et 25%. Cette réduction notable des absences de courte durée s’explique par la réticence accrue des agents à s’absenter pour une courte période, en raison de la perte financière encourue dès le premier jour de congé maladie.
En revanche, les arrêts maladie de longue durée, de plus de trois mois, n’ont pas montré de variation significative, ce qui suggère que le jour de carence n’a pas eu d’impact sur les absences liées à des maladies graves ou chroniques.
Des inégalités persistantes : genre et zones prioritaires
Bien que la mesure ait globalement réduit les absences, elle n’a pas affecté tous les agents de la même manière. Les femmes, qui constituent la majorité du personnel dans l’Éducation nationale, continuent de s’absenter plus fréquemment que les hommes. Leurs absences ont certes diminué, mais de manière plus marquée, accentuant les disparités entre genres.
De plus, les agents travaillant dans les zones d’éducation prioritaire (REP) restent plus touchés par les absences, malgré une baisse globale. Les conditions de travail plus difficiles dans ces zones semblent renforcer les inégalités déjà présentes, rendant le jour de carence plus pénalisant pour ces agents.
Un impact sur la santé à étudier
Si le jour de carence a permis de réduire les absences de courte durée, il pose des questions quant à ses effets sur la santé des agents. Certains pourraient être incités à travailler malgré des problèmes de santé pour éviter la perte financière, ce qui pourrait avoir des conséquences à long terme. Des études supplémentaires sont nécessaires pour évaluer ces impacts et adapter les politiques en conséquence.
Bien que le jour de carence ait atteint son objectif de réduire les absences pour maladie, il soulève des enjeux importants en matière d’équité et de santé des agents, qui devront être pris en compte dans les futures réformes.