Après une longue attente de six ans, les petites communes de moins de 2.500 habitants peuvent enfin voir s’installer de nouvelles pharmacies. Depuis juillet, un décret d’application facilite l’implantation de ces officines dans les zones qualifiées de déserts médicaux, mettant en œuvre une ordonnance du ministère de la Santé datant de janvier 2018.

Une ordonnance longtemps restée en suspens

L’idée de relancer l’implantation de pharmacies dans les petites communes était sur la table depuis des années. Pourtant, l’ordonnance prise par le gouvernement en janvier 2018 pour faciliter cette démarche n’avait jamais été appliquée. Face à cette inertie, plusieurs sénateurs ont même proposé une loi en avril dernier pour rappeler les termes de cette ordonnance et pousser le gouvernement à agir. Finalement, le décret permettant d’implanter des pharmacies dans les communes de moins de 2.500 habitants a été publié en juillet, marquant le début d’une nouvelle dynamique pour ces territoires.

Les critères pour ouvrir une pharmacie en zone rurale

L’ouverture d’une pharmacie en France est fortement encadrée, avec des règles géo-démographiques strictes. Jusqu’à récemment, il était impossible d’ouvrir une officine dans une commune de moins de 2.500 habitants, sauf en cas de reprise d’une pharmacie existante. De plus, une nouvelle pharmacie ne pouvait être installée que dans des zones comptant un minimum d’une officine pour 4.500 habitants. Ces critères visaient à réguler la répartition des pharmacies, mais limitaient considérablement leur implantation dans les petites communes, accentuant ainsi la désertification pharmaceutique.

Les récents assouplissements offrent désormais la possibilité aux pharmaciens de s’installer dans des communes rurales de moins de 2.500 habitants. Cependant, ces territoires doivent remplir certaines conditions pour être éligibles. Par exemple, les communes doivent faire partie d’un ensemble de localités contiguës totalisant au moins 2.500 habitants, avec l’une de ces communes comptant au moins 2.000 habitants. Une dérogation permet également d’ouvrir une pharmacie dans une zone peu dense, à proximité d’un centre commercial ou d’une maison de santé, même si les critères de population ne sont pas atteints.

Une réponse à la désertification des pharmacies

L’assouplissement des règles intervient dans un contexte de forte réduction du nombre de pharmacies en France. En cinq ans, le pays a perdu environ 1.000 officines, soit une baisse de 5%. Ce phénomène s’est accentué ces dernières années, malgré le rôle crucial joué par les pharmacies durant la crise sanitaire liée à la COVID-19. Le ministère de la Santé a ainsi déploré que le nombre total de pharmacies soit tombé sous la barre des 20.000, contre 24.000 il y a quinze ans. Dans les zones rurales, les perspectives sont encore plus préoccupantes, avec des dizaines de pharmacies en vente pour un euro, sans parvenir à trouver de repreneurs.

Relancer l’attractivité des territoires ruraux

Si ce décret permet d’assouplir les conditions d’implantation, le véritable défi reste de convaincre les pharmaciens de s’installer dans ces zones rurales moins attractives. Ces territoires, souvent éloignés des grandes villes et confrontés à une baisse démographique, peinent à attirer de nouveaux professionnels de santé, malgré les incitations.

Le décret d’application est un premier pas vers le réarmement pharmaceutique des territoires fragiles, mais d’autres mesures incitatives seront probablement nécessaires pour rendre ces zones plus attractives pour les pharmaciens, et ainsi revitaliser les services de santé de proximité dans les campagnes.

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