Réécriture de Roald Dahl : l’éditeur britannique continuera de publier les versions originales dans une collection spéciale

La semaine dernière, les ayants droit de l’auteur de “Matilda” et “Charlie et la Chocolaterie” avaient entrepris de lisser le langage de tous ses romans pour enfants pour supprimer des termes jugés offensants.

Même la reine consort s’en est mêlée. Face au tollé provoqué au Royaume-Uni par la réécriture des livres de Roald Dahl pour supprimer des termes jugés offensants, son éditeur britannique a annoncé vendredi 24 février qu’il continuerait de publier les versions originales dans une collection spéciale.

Roald Dahl, auteur de James et la grosse pêche, Matilda et Charlie et la chocolaterie, est décédé en 1990 à l’âge de 74 ans. Puffin UK va publier les 17 livres concernés dans le courant de cette année “pour garder en circulation les textes classiques de l’auteur”, en parallèle de leurs nouvelles versions. L’affaire avait été révélée la semaine dernière par le quotidien conservateur The Daily Telegraph. Les ayants droit ont entrepris de lisser le langage de tous les romans pour enfants de l’auteur adoré de plusieurs générations, mais dénoncé, en particulier pour des propos antisémites.

Le nombre de termes modifiés est vaste, touchant à des questions considérées comme sensibles : race et ethnicité, genre, poids, apparence physique, santé mentale, violences, etc. Un personnage “énormément gros” est devenu “énorme”. “Un truc fou” est devenu “un truc bizarre”.

Une “censure absurde”, selon Salman Rushdie

La réécriture prévue de ses livres a provoqué de nombreuses réactions indignées dans le monde littéraire et politique, dans un contexte de guerres culturelles et d’accusations régulières de “cancel culture”. Salman Rushdie a dénoncé une “censure absurde”. En France, l’éditeur Gallimard Jeunesse a assuré qu’une réécriture n’était pas d’actualité.

Lors d’une réception, jeudi, la reine consort Camilla a appelé les écrivains à ne pas ne se laisser impressionner par “ceux qui veulent restreindre votre liberté d’expression ou imposer des limites à votre imagination”, ajoutant en levant les yeux au ciel et souriant : “Tout est dit”. Ces propos ont largement été interprétés comme une critique de la réécriture des livres de Roald Dahl.